Nos tranches de vie cocasses
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Comme il m'est arrivé un moment qui m'a bien amusée ce soir, je me suis dit que je ne devais pas être la seule à pouvoir partager des séquences cocasses.
Hier, je porte mes escarpins chez mon cordonnier pour réparer les talons. J'y vais au féminin, un peu sur la retenue car c'est un homme un peu fermé qui ne m'a jamais inspiré-e.
Ce soir, je passe au masculin, franchement détendu, prêt à tout. Après avoir lu mon ticket, il revient avec les escarpins, les yeux pleins de points d'interrogation et l'air estomaqué. Le dialogue qui a suivi fut étonnamment très détendu, limite rires, plein de pauses de sa part tant il était décalqué (je ne peux pas dire mieux).
Lui, en prenant son courage à deux mains : c'était vous hier ?
Moi, hésitant une fraction de seconde pour jauger s'il n'y aurait pas d'agressivité : ben oui (texto, histoire de lui dire "rien de plus normal")
Lui : non … non ...
Moi : mais si
Lui : mais c'est pour une caméra cachée ?
Moi : mais non
Lui, ne pouvant entendre ma réponse : mais si, c'est pour une caméra cachée ?
Moi : mais non
Lui : (plus rien, juste un visage décalqué mais souriant, presque comme un enfant alors qu'il frise les 60 ans)
Moi : bonne soirée (sur un ton enjoué mais simple, sans le mettre mal du tout)
Lui : bonne soirée (toujours estomaqué)
Moi : et merci pour votre sourire (avec autant de sourire de ma part)
L'échange fut vraiment cordial, sympa. J'avais envie d'éclater de rire tant il était amusant, mais je ne voulais pas me moquer de lui indirectement. J'en rigole encore et lui va sûrement raconter ça partout pendant plusieurs jours !
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Excellent Claire !! Comme quoi, ton passing est bon.
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J'adore c'est excellent
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Lors de mon changement de poste dans mon entreprise (Cf. mon post sur le sujet), mes entretiens ont été menés au masculin. J'avais eu un entretien avec la Directrice qui a changé de poste avant mon arrivée. J'ai dealé le poste avec son successeur qui lui a été informé de ma transition. L'ex Directrice est toujours sur le plateau et l'autre jour, elle passe me dire bonjour. Comme, sur l'instant de la rencontre, mon chef lui a dit "vous vous êtes rencontrés en mars" et qu'elle a vu le nom de famille de Claire identique à l'homme qu'elle avait vu en entretien, elle est allée voir son remplaçant, son successeur. Troublée, elle lui dit : "vous avez embauché son épouse ?".
Eh oui, elle n'a pas pu imaginer la réalité. Depuis, nous avons eu un entretien, très cordial, où elle m'a exprimé son admiration pour mon courage. Aucun rejet dans son attitude. Mais l'anecdote dit bien comment il est difficile pour le commun des mortels de penser à une transition quand on nous rencontre. -
J'ai revu mon cordonnier ! Encore pour les talons d'escarpins, pas la même paire tout de même.
Il m'a reconnue. Une petite discussion s'ensuit, très détendue. Comme je porte désormais une coupe féminine, entre mes cheveux masculins et la perruque de mon passage précédent, il m'a demandé si je vivais tout le temps en femme. Je lui confirme cela en quelques phrases, avec sérieux et sourire. Moi qui craignais son côté latino, macho, rien de tout cela. Il a soutenu les personnes qui cultivent leur bonheur. Même si, peut-être, il ne le pensait qu'à moitié, pour le moins, il n'est pas transphobe. Depuis que tous mes commerçants me connaissent avant et pendant ma transition, seule une secrétaire médicale manifeste de la réprobation, sans pour autant l'exprimer verbalement. Visiblement, l'argument de l'accomplissement personnel fait bouger la société et est un bon moyen de faire comprendre notre cause.