Mes débuts au féminin dans mon entreprise
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Re : [Claire](presque femme)https://lemondet.fr/topic/32/c...
Surtout à destination de celles qui envisagent cette étape, voici mes impressions après ma première semaine de travail dans mon entreprise. Attendez-vous à être chamboulée intérieurement, sans même de difficultés avec les collègues.
Lundi, j'ai pris un nouveau poste dans une équipe de 8 personnes. Tour de table pour se présenter, y compris, pour moi, ma transition de genre (mes managers me laissaient le choix de le dire ou non). Je l'ai affiché parce que ma voix, entre autres, peut me trahir et que je préférais afficher "porte ouverte" pour en parler en cas d'ambiguïté. Pas de réaction des hommes et une femme m'a juste adressé "Félicitations" avec un grand sourire, surprise tout de même. Le lendemain, je lui ai demandé de préciser pourquoi : félicitations d'accomplir mon projet et pour mon courage. Sinon, un homme est allé voir le manager pour lui demander comment se comporter vis-à-vis de moi et ne pas commettre de bourdes, juste de façon neutre. Le manager lui a expliqué que je peux en parler ouvertement avec lui et lui a passé le guide ministériel sur la lutte contre les discriminations (sous coordination de Toubon). J'ai travaillé avec un autre collègue, cool, ça ne lui pose visiblement aucun problème. C'est presque un stagiaire, futur manager commercial qui se la pète, qui était sans doute le moins à l'aise malgré sa jeunesse.
Cette semaine, j'ai donc reçu un accueil pour le moins très bienveillant de mes managers, et neutre, cordial de mes collègues. Qu'espérer de plus ?!
En fait, pour celles qui ont déjà lu mes posts, mon entreprise est une grande société qui commence à accompagner les questions LGBT et qui informe bien les managers concernés. Le plus délicat était finalement MOI !! Evidemment, le premier jour, je me demandais quand même pourquoi je n'étais pas habillée comme avant. Mais surtout, retrouver les locaux, la cantine, recroiser des collègues, cela fait ressortir immédiatement des réflexes (je travaille ici depuis 20 ans). Par exemple, ce midi à la cantine, en naviguant dans le self, je croise deux collègues. J'ai failli leur dire bonjour alors qu'ils ne m'avaient pas remarquée. Dans les réunions, j'aurais aussi pu avoir quelques réflexes et façons de m'exprimer qui sont masculines. Qu'arrivera-t-il si je ne les retiens pas ? Au global, je dois me surveiller pour ne pas ressortir des attitudes masculines. Chaque soir, je suis rentrée crevée, uniquement pour ça, sauf ce soir où je tire un bilan positif de ma semaine.
Pour cette partie de ma transition sociale, j'avais pris soin de cumuler plusieurs choses :
- Changement de poste, de collègues (je ne les connais pas), risque faible de devoir travailler avec des anciens collègues (le site est très grand), changement de bâtiment, d'agencement des bureaux, tout ça pour avoir l'impression de travailler ailleurs et rompre avec mes anciens réflexes,
- Féminisation du visage en juillet,
- Coupe féminine et couleur pour mes cheveux grisonnants.Du coup, à ce jour je n'ai pas eu de temps de discussion avec d'anciens collègues, mais quand je les croise dans le site, ils ne me reconnaissent pas. Pour autant, je ne me fais pas d'illusion : ils l'apprendront un jour. Je suis prête à leur expliquer mon projet mais je préfère qu'ils l'apprennent plus tard plutôt qu'une nouvelle fraîche maintenant qui ferait le buzz.
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Coucou
Retour d’expérience intéressant en effet
Chose que je retiens, en dehors du fait que ça se passe très bien pour toi, tes réflexes 'masculins", ne t'en fais pas trop. c'est un apprentissage, si ça pars c'est que ça n'a pas sa place, si ça reste c'est que c'est toi.
Je sais que ce n'est pas évident, mais je crois que le but principal que l'ont a toutes, ce n'est pas de devenir une "femme" que l'on "idolatre", mais bien de se libérer de ce poid pour devenir nous mêmes, avec nos qualités et défauts.
( Je dis ça mais je suis pareil hein ^^ toujours a recherché la féminité xD)
Je voulais aussi parlé d'une dernière chose, on pourrais l'appeler "l'effet superman", il suffit parfois d'une paire de lunette pour que les gens ne vous reconnaissent plus ( testé par le joueur du grenier). il parait que c'est vrai de vrai ^^ donc pour les personnes qui changent de coupe et de tête... ^^
Voilà voilà j'ai ramené ma fraise sur le sujet xD
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@gwenaelle a dit :
Chose que je retiens, en dehors du fait que ça se passe très bien pour toi, tes réflexes 'masculins", ne t'en fais pas trop. c'est un apprentissage, si ça pars c'est que ça n'a pas sa place, si ça reste c'est que c'est toi.Je sais que ce n'est pas évident, mais je crois que le but principal que l'ont a toutes, ce n'est pas de devenir une "femme" que l'on "idolatre", mais bien de se libérer de ce poid pour devenir nous mêmes, avec nos qualités et défauts.
Je pense que c'est un message à retenir. Bon courage pour la suite de ta libération Claire
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Des news de ma 2ème semaine …
Avant cela, le vendredi soir en fin de 1ère semaine, j'ai bien repensé aux cinq journées, constaté que rien de négatif n'était arrivé. Du coup, j'ai retrouvé de la sérénité. Durant le week-end, j'ai fait les sorties que je sais m'être très agréables pour retrouver totalement ma féminité. Ainsi, lundi, je suis retournée au travail plutôt zen. Je sentais que je n'avais plus besoin de me préoccuper des autres et seulement de surveiller mes réflexes "archaïques" masculins comme décrit dans mon 1er post. Je rentrais moins fatiguée le soir. La semaine s'est écoulée sans anicroche. J'ai croisé des anciens collègues qui ne m'ont pas reconnue. J'ai passé une journée de séminaire sans que personne ne doute de moi. Bilan : plus que positif. Mais je sens bien que je peux me piéger seule encore pendant quelques semaines avec ces fameux réflexes.
Mes collègues et responsables semblent s'habituer à moi en constatant que je me comporte comme n'importe quelle autre femme. Du coup, je me suis fait plaisir en portant vendredi une jupe "working girl" mi-cuisse. Moi qui suis grande, pour le coup, je savais que je poussais le bouchon un peu loin, relativement aux habitudes vestimentaires dans mon entreprise.
La cerise sur le gâteau, c'est que j'ai pu discuter ou déjeuner à plusieurs reprises entre femmes. J'ai donc assisté à des discussions en l'absence d'un homme : voyages, animaux de compagnie, coiffure. J'étais larguée sur le dernier sujet : trop de mots inconnus ! Les plaques pour lisser les cheveux, le carré plongeant, etc. Et leurs rires là où des hommes ne riraient pas. Il faut que je change d'humour.
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c'est une aventure extraordinaire de pouvoir transitionner avec le support de son employeur. Ton parcours est inspirant. Je te souhaites plein de réussite pour la suite.
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Premier anniversaire de ma vie professionnelle en Claire : un mois s'est écoulé !
Des collègues toujours aussi neutres à mon égard, "neutres" ne signifiant rien de négatif mais juste que je ne ressens pas de différence de comportement de leur part. Leur comportement aurait pu être le même s'il m'avaient découvert au masculin.
Il y a 10 jours, en allant au travail, j'ai vraiment réalisé que ce n'était pas un rêve. J'ai cumulé le changement de visage, de coiffure, de vie professionnelle, l'absence de vie au masculin en quelques jours. Cela fait beaucoup à intégrer. Je crois que c'est presque fini. Et donc, en marchant du parking à mon bureau, au soleil, en jupe, j'étais juste heureuse. Je n'ai plus à me préoccuper des réactions des autres donc moins de vigilance qui m'épuisait les premiers jours. Il me reste cependant à me surveiller quant à mes réflexes archaïques, de moins en moins présents. Tout de même, lorsqu'une nouvelle s'est récemment présentée à moi, j'ai failli lui répondre avec mon prénom masculin !
Le vrai sujet reste ma voix. Même si je ne reçois que des louanges à ce sujet, je suis dans le contrôle de ma voix. Très fatiguant …
Enfin, j'ai terminé la semaine sur un séminaire d'une journée. Exercice que je connaissais bien au masculin. Voilà encore une occasion de faire ressortir les comportements réflexes masculins. Plus la journée avançait, plus je les sentais remonter, plus je devais contrôler. Cet exemple juste pour illustrer différemment que toutes les situations souvent expérimentées avant la transition me ramènent à ma masculinité passée. Comme l'accent local que certains retrouvent sans s'en rendre compte en retournant dans leur région d'origine.
Le petit plus : j'ai rencontré l'autre femme trans de mon établissement (elle a transité récemment, en janvier). Quel plaisir partagé de pouvoir échanger sur le sujet quant à l'insertion professionnelle. On sent bien que l'on a besoin de se rassurer sur les démarches internes, sur l'acceptation par les collègues. Dans ce cas, les collègues proches ne suffisent pas rompre le sentiment de solitude qui n'existe que parce que l'on se sent originale et singulière par sa transidentité. Je crois qu'on va déjeuner ensemble très régulièrement !
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Super ! C'est top d'avoir quelqu'un avec qui tu peux parler de vos expériences respectives.
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Pour faire écho @Claire
@Claire Je me pose quand même une question vis à vis de ce que tu appelles les réflexes masculins dans tes témoignages.
Vendredi 30 Novembre 2018, j'ai commencé ma troisième semaine de femme active. A cette occasion, j'ai osé une combinaison de hauts en blanc résolument féminine. Pour les deux premières semaines, j'avais fait profil bas en étant beaucoup moins féminine qu' "avant".
Pull à volants (Kiabi). Veste fourrure (Leclerc). Jeans skinny avec broderies automnales (Kik). Bottines (UGG). Sac (Kipling)
En fait la veille en faisant une photo en pied dans le miroir de l'ascenseur, je me suis rendue compte que je portai déjà les mêmes habits depuis des années à savoir mes jeans skinny, mes bottes ou bottines à talon, mes manteaux et veste y compris ceux en fausse fourrure, avant de passer du bon côté du miroir. En réfléchissant à ma garde robe, c'est normal, car il n'y a presque plus, depuis longtemps, d'habits ou chaussures masculins (à part un costume à la Patrick Jane de date récente). En passant, ça commençait à devenir un vrai problème surtout pour les chaussures.
Je pense avoir trouvé la bonne coiffure. Une dame m'a lancé "schöne Frisur" (belle coiffure) lorsque je l'ai croisé en allant déjeuner à la cantine. Cette coiffure me plait aussi.
En fait, rien n'a vraiment changé entre le "avant" et le "après". Ce qui me renvoi à une réflexion de mon médecin, qui m'a dit que vous passez d'un homme féminin à une femme masculine. Ce qui n'est pas faux, tant la frontière était tenue chez moi. Mais, je préfère être une femme, car j'y trouve ici ma vraie liberté, sans parler de certains aspects masculins que je déteste.
La seule grande difficulté est la voix. Garder une voix à peu près féminine en jonglant entre trois langues sous le stress est une vraie gageure. Parler avec ma fille calmement commence à être possible (sauf le "papa" qui gâche un peu l'ambiance). Donc, les collègues vont subir la transition vocale pendant encore un moment.
L'autre défi pour mes collègues, c'est le deadname. Si à l'occasion de la fête de Noël, le chef de service veux toucher un mot sur moi, je lui demanderai qu'au titre de cadeau de bienvenu et de fin d'année, les collègues utilisent dorénavant mon prénom féminin en version longue ou courte. Je porterai à cette occasion ma jupe midi fétiche (Chantal Thomass x Damart). Est-ce que je serai BCBG ou Cruella, je ne le sais pas encore? Ca sera la première fois en jupe avec les collègues. Je risque d'être l'attraction du moment surtout si je suis Cruella. Il faut que j'améliore ma voix féminine en Allemand d'ici là.
Le plus difficile est derrière moi, mais de nombreux défis m'attendent et aussi pour mon entourage familiale et professionnel.
A suivre...