Mon amie m'a toujours répété que jamais elle n'oserait randonner (ou que ce soit) ou voyager seule (à l'étranger), par crainte d'être violentée. Cet article me paraît intéressant sur le sujet. Le passage suivant, où "l'intersection(nalité)" (ici, le privilège occidental cumulé à la transgression des normes de genre) apparaît pour une fois comme un privilège, m'interpelle :
"La voyageuse solitaire, notamment si elle est blanche, occupe une position privilégiée par rapport aux femmes et aux
hommes du pays où elle voyage. Une sorte de troisième sexe, qui
bénéficie des avantages des deux premiers. On lui autorise plus de
choses, la pression sociale s’amoindrit : foutu pour foutu, c’est une excentrique, une marginale, souvent une célibataire sans enfants – alors on lui passe plus de choses.
Lorsque je voyage seule, j’ai l’impression que la signification
sociale de mon corps – et du genre qui y est associé – opère une sorte
de mutation : j’ai plus de droits que lorsqu’un homme m’accompagne.
Ainsi, même dans les cercles les plus traditionnels, il m’est
socialement permis de parler avec un groupe d’hommes, de prendre le thé
avec eux, tout en partageant parallèlement l’intimité des femmes. La
réciproque n’est pas vraie pour un voyageur masculin : les lieux
féminins non mixtes lui seront toujours fermés."
Je me rappelle toutefois d'une anthropologue ayant fait sa thèse au Yemen qui expliquait que le choix de mener une enquête ethnographique parmi les hommes fermait l'accès aux lieux féminins et réciproquement.